Pendant les derniers FIND, en 2001 et 2003, j'ai vu pas mal de choses qui m'ont marqué. C'était pendant ma formation à l'UQAM donc j'était très ouvert et très en appétit de voir des artistes de l'étranger, des grandes figures, et aussi de l'avant-garde d'ailleurs.
À la préhistoire de ma vie professionnelle en danse, ces shows ont passé le test du temps.
En 2001 j'ai vu
I Said I par la compagnie Rosas.
Il y avait des billets dernière minute pour les étudiants (ça revenait à
quelque chose comme 5$ et on pouvait avoir les meilleurs billets du théâtre). Je
me suis donc retrouvé à la 5e ou 7e rangée, en plein
milieu du théâtre, pour voir cette pièce. 2h30 de spectacle : juste ça déjà,
ça m'a étonné, cette durée. Je me demandais comment on allait vivre ça. J'ai
cru comprendre plus tard que c'était un spectacle auquel on n'avait pas besoin
de porter attention constamment, que j'aurais pu partir et revenir mais il faut
dire qu'être assis au milieu du Théâtre Maisonneuve, ça formalise ton rapport à
l'œuvre... (puisque la sortie est loin). Mais je suis resté très intrigué, j'avais
la place du roi.
I Said I (Rosas, 1999)
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En fait ce que
j'ai préféré de cette œuvre, c'est d'observer comment ses différentes composantes
n'étaient pas toujours reliées, comme si chacun pouvait avoir son tour. La
musique jouée par le DJ ou le trio qui jouait du Brahms et ou du Beethoven (si
je me souviens bien) suffisait déjà comme proposition. Aussi, de terminer le
spectacle avec seulement le trio musical, ça m'avait étonné et vraiment charmé.
Laisser la chose se terminer par un petit moment de réflexion et de
contemplation. Ça me fait toujours un choc quand un spectacle se termine et
tout le monde est déjà debout à hurler bravo. J'aime qu'on ait le temps d'y
penser. Je pense que c'est un spectacle qui m'a beaucoup allumé par sa forme.
Je ne me rappelle pas avoir été renversé, mais très inspiré par la liberté de
la mise en scène d'un spectacle même s'il porte l'étiquette « danse ».
Pour le choc
esthétique, Meg Stuart remporte la
palme. Le FIND a présenté Alibi en
2003, à l'Usine C. Je ne connaissais pas cette chorégraphe à l'époque, et je ne
m'attendais à rien. J'ai été un peu secoué, sinon déboussolé, ennuyé parfois,
fasciné, exaspéré, amusé. Je ne savais pas trop comment prendre ça. Je n'avais
pas une grande expérience de ce genre de travail, j'étais perdu.
En revanche, je me rappelle de plein d'images, de l'énergie que je sentais dans la salle, ce mélange d'appréhension, d'excitation, d'exaspération… Ça doit être le spectacle avec lequel j'ai dialogué le plus longtemps par la suite. Je l'ai digéré petit à petit. Cette façon de faire surgir des personnages sans avoir besoin d'une narration, seulement par un travail sur l'émotion, sur l'effort, sur des états physiques.
C'était clairement une chorégraphie soutenue par l'émotion, et non par une représentation bien maitrisée d'émotions que nous donne souvent à voir l'esthétique chorégraphique. Je me suis senti près des performeurs, de leur humanité. C’est sans doute une des œuvres qui m'a le plus inspiré dans mon travail. Cette idée de laisser voir des humains faire quelque chose, et que cette tâche, cette action faite par ces humains crée l'émotion, n'en est pas seulement la représentation, même si bon, ça n'exclut pas cette possibilité.
Le travail de
Damaged Goods résonnait d'une grande pertinence dans ces années-là et a surtout
planté certaines idées chez moi.
Frédérick Gravel
Consulter aussi :
Un article du journal Voir présentant I Said I en 2001
Un extrait d'Alibi de Meg Stuart
Un article du journal Voir présentant I Said I en 2001
Un extrait d'Alibi de Meg Stuart
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